Anatomie et morphologie de l’abeille mellifère : les bases indispensables pour l’apiculteur débutant
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Quand on débute en apiculture, on parle souvent de la ruche, du miel ou de la reine. Mais on oublie parfois l’essentiel : l’abeille elle-même. Comprendre l’anatomie et la morphologie de l’abeille mellifère (Apis mellifera) est une base indispensable pour devenir apiculteur.
Savoir comment est faite une abeille permet de mieux comprendre son comportement, ses besoins et aussi certains problèmes que l’on peut rencontrer au rucher (maladies, mortalité, difficultés à butiner, etc.). Dans cet article, nous allons donc observer l’abeille de près, avec des mots simples et des exemples concrets.
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La tête : le centre des sens et de la nutrition
La tête de l’abeille est le centre des sens. Elle lui permet de se repérer, de communiquer et de se nourrir.
Les yeux
L’abeille possède cinq yeux au total.
- Deux grands yeux composés : Ils permettent une excellente perception des mouvements et repèrent les fleurs grâce à l’ultraviolet.
- Trois petits yeux simples (ocelles) : Ils l’aident principalement à s’orienter par rapport à l’intensité lumineuse et à stabiliser son vol.
Le Faux-Bourdon : Les mâles (faux-bourdons) ont des yeux composés beaucoup plus grands, qui se rejoignent presque au sommet de la tête.
Les antennes
L’abeille en a deux. Elles servent à capter les odeurs, à détecter les phéromones (messages chimiques de la colonie) et à mesurer l’humidité et la température. C’est grâce à ses antennes qu’une ouvrière gardienne reconnaît les membres de sa colonie à l’entrée de la ruche.
L’appareil buccal
- Mandibules : Utilisées pour pétrir la cire, manipuler le propolis et nettoyer les cellules.
- Trompe (langue allongée) : Utilisée pour aspirer le nectar des fleurs, l’eau et le miel stocké.
Le thorax : le moteur du mouvement et de la récolte
Le thorax est la partie centrale du corps. C’est le centre locomoteur et le moteur de l’abeille
Les ailes
Les Ailes : L’abeille possède deux paires d’ailes (quatre ailes).
Elles sont reliées par de minuscules crochets appelés hamuli qui les couplent ensemble pendant le vol.
Thermorégulation hivernale : Le couplage des ailes est essentiel en vol, mais en hiver, les abeilles désaccouplent volontairement leurs ailes en relâchant les hamuli. Cette déconnexion permet une fonction vitale pour la survie de la colonie : elles activent les puissants muscles thoraciques du vol par des contractions vibratoires rapides et puissantes, mais sans que les ailes ne bougent. Ce processus génère une intense chaleur métabolique, indispensable pour maintenir la température stable (environ 34-35°C) au cœur de la grappe hivernale, assurant la survie de la colonie et le développement du couvain.
Les pattes
L’abeille possède six pattes, chacune avec des fonctions spécialisées.
- Pattes antérieures (avant)
Utilisées principalement pour la marche, le nettoyage de la tête et des yeux. Elles sont équipées de l’antennifère (ou « peigne à antennes »), une encoche spécifique qui permet de nettoyer les antennes.
- Pattes médianes (milieu)
Leur rôle est essentiel dans l’équilibre, la manipulation et le transfert du pollen du corps vers les pattes arrière. Elles sont également dotées d’une épine pour détacher les pelotes de pollen stockées.
- Pattes postérieures (arrière)
Les plus spécialisées, elles sont équipées de la brosse à pollen (pour collecter les grains sur les poils du corps) et de la célèbre corbeille à pollen (corbicula), une cavité où la butineuse stocke et compacte la pelote de pollen pour le transport.
Exemple concret : L’abeille transporte le pollen (pour nourrir les larves) ou le propolis (pour assainir la ruche) sur ses pattes arrière.
L’abdomen : la fabrique de la colonie
L’abdomen est la partie arrière du corps. C’est le centre de la digestion, de la production et de la défense.
Le jabot
L’abeille possède une poche appelée le jabot social ou estomac à miel.
Fonction du Jabot : C’est un réservoir pour stocker le nectar butiné. Il n’est pas utilisé pour la digestion personnelle.
Transformation du Miel : Des enzymes (invertase) sont ajoutées au nectar dans le jabot, constituant la première étape de la transformation en miel.
Les Glandes
- Glandes Cirières : Situées sous l’abdomen des ouvrières. Elles sécrètent des écailles de cire pour la construction des rayons.
- Glandes à Venin : Elles produisent l’apicoxine, injecté par le dard.
- Glande de Nasanov : Située à l’extrémité de l’abdomen, elle sécrète une phéromone utilisée par les ouvrières pour marquer les sources de nourriture ou appeler à l’essaimage, aidant ainsi les congénères à s’orienter.
Le Dard : l’outil de défense
Le dard n’est présent que chez les femelles (ouvrières et reine).
- Chez l’Ouvrière : Le dard est crénelé (crochets). Il s’arrache après une piqûre sur un mammifère, entraînant la mort de l’ouvrière.
- Chez la Reine : Le dard est lisse, lui permettant de piquer plusieurs fois (contre les rivales).
- Chez le Faux-Bourdon : Il ne possède pas de dard.
Les Stigmates (Respiration)
L’abeille ne respire pas par la bouche, mais par un système de tubes appelés trachées qui s’ouvrent à l’extérieur par de petits orifices nommés stigmates. Ces orifices sont disposés en paires symétriques le long du thorax et de l’abdomen. Ils permettent l’échange gazeux (absorption de dioxygène et rejet de dioxyde de carbone).
Différences morphologiques et rôles dans la colonie
Dans une colonie, toutes les abeilles ne se ressemblent pas. On distingue trois types d’individus (castes), chacun avec des fonctions et des caractéristiques morphologiques uniques.
La reine (=la mère de la colonie)
La reine est l’unique femelle fertile de la ruche.
- Morphologie : Elle est grande et très allongée. Son abdomen est long et fuselé, dépassant largement ses ailes, ce qui la rend facile à identifier. Elle possède un dard, mais celui-ci est lisse, ce qui lui permet de piquer plusieurs fois sans mourir (elle l’utilise exclusivement pour éliminer ses rivales).
- Fonction Principale : Son rôle unique est la ponte des œufs. Elle est responsable de la survie et de la croissance de la colonie, pouvant pondre jusqu’à 2000 œufs par jour en pleine saison.
L’ouvrière est la femelle stérile et la plus nombreuse de la colonie. C’est elle qui assure toutes les tâches.
- Morphologie : Elle est la plus petite et son corps est parfaitement adapté au vol et à la récolte. Elle seule possède les corbeilles à pollen sur ses pattes arrière et les glandes cirières sous son abdomen. Son dard est crénelé (mortel après une piqûre sur un mammifère).
- Fonction Principale : Elle assure toutes les tâches de la ruche en fonction de son âge : nettoyage, nourrissement des larves, construction des rayons, ventilation, défense, récolte de nectar et de pollen (butinage).
L’ouvrière (=la travailleuse polyvalente)
Le faux-bourdon (=le mâle)
Le faux-bourdon est le mâle de la colonie.
- Morphologie : Il est plus trapu et large que l’ouvrière. Ses yeux composés sont très grands et se rejoignent presque sur le dessus de sa tête, une caractéristique essentielle pour repérer la reine en vol. Il est totalement démuni de dard.
- Fonction Principale : Son seul rôle est la reproduction (féconder une reine vierge) lors du vol nuptial. Il ne participe à aucune tâche dans la ruche et est toléré uniquement pendant la saison de reproduction.
Pourquoi cette connaissance est essentielle pour l’apiculteur débutant
Comprendre l’anatomie de l’abeille n’est pas qu’une affaire de théorie : c’est une nécessité pratique au rucher.
- Interprétation : Savoir que l’abeille a un jabot nous explique pourquoi elle trophallaxe (échange de nourriture).
- Santé de la Ruche : L’état des ailes ou l’absence de pelotes de pollen sont des indicateurs de problèmes (ex : virus DWV).
- Anticipation : L’observation des écailles de cire indique la phase de croissance de la colonie.
Cette connaissance permet à l’apiculteur de passer de la simple manipulation à une observation éclairée de la vie fascinante de la colonie.
Combien d’yeux une abeille possède-t-elle ?
L’abeille possède cinq yeux au total : deux grands yeux composés (pour la perception du mouvement et des couleurs) et trois petits yeux simples appelés ocelles (pour l’orientation par rapport à la lumière).
Quel est le rôle du jabot social ?
Le jabot social, ou estomac à miel, est une poche située dans l’abdomen. Son rôle n’est pas la digestion personnelle, mais le stockage et le transport du nectar (ou de l’eau) vers la ruche. C’est là que commence la transformation en miel par l’ajout d’enzymes comme l’invertase.
À quoi servent les hamuli ?
Les hamuli sont de minuscules crochets situés sur les ailes. Ils servent à coupler les deux paires d’ailes (quatre ailes) ensemble pendant le vol, permettant un battement synchronisé et plus efficace.
Qu’est-ce que la corbeille à pollen (corbicula) et qui la possède ?
C’est une zone spécialisée, une sorte de cavité bordée de poils, située sur les pattes arrière de l’ouvrière butineuse. Elle sert à stocker et à transporter les pelotes de pollen récoltées jusqu’à la ruche.
Pourquoi l’abeille ouvrière meurt-elle après avoir piqué un humain ?
Le dard de l’ouvrière est muni de petits crochets (crénelé). Lorsqu’elle pique une peau élastique (comme celle d’un mammifère), le dard s’accroche et s’arrache de son abdomen, entraînant la mort de l’abeille. Le dard de la reine, par contre, est lisse.
Comment les ouvrières produisent-elles la cire ?
La cire est produite par les glandes cirières, situées sous les segments ventraux (inférieurs) de l’abdomen des ouvrières. Elle est sécrétée sous forme de petites écailles.
Quelle est la principale différence entre les yeux d’une ouvrière et ceux d’un faux-bourdon ?
Le faux-bourdon (mâle) possède des yeux composés beaucoup plus grands, qui se rejoignent presque au sommet de la tête. Cette caractéristique lui est essentielle pour repérer la reine en vol lors du vol nuptial.
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