Accueil > Formation > Module 1 : Connaissances de base > Les besoins alimentaires des abeilles

Une colonie d’abeilles fonctionne comme un tout. Même si elle est composée de milliers d’individus, on peut la considérer comme un seul organisme vivant. Pour survivre et bien se développer, la colonie doit en permanence trouver, stocker et utiliser correctement sa nourriture.

Les abeilles ne cherchent pas seulement à se nourrir pour la journée. Elles doivent aussi :

• nourrir le couvain,
• constituer des réserves,
• et anticiper les périodes difficiles, comme l’hiver ou les périodes de sécheresse.

Comprendre ces besoins alimentaires permet à l’apiculteur de savoir quand intervenir et comment aider sa colonie. Une alimentation insuffisante ou mal équilibrée peut entraîner un ralentissement du développement, des abeilles plus fragiles et une sensibilité accrue aux maladies.

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Une alimentation suffisante et variée : énergie et construction de la colonie

La nourriture des abeilles doit répondre à deux besoins essentiels :

• fournir de l’énergie aux abeilles adultes,
• permettre la production et le renouvellement des abeilles.

Le nectar et le miel : les sources d’énergie

Le nectar est récolté sur les fleurs par les butineuses. Il peut aussi provenir du miellat, une substance sucrée produe produite par certains insectes (comme les pucerons) qui se nourrissent de la sève des arbres. Le miellat n’est pas un nectar à proprement parler, mais les abeilles le récoltent de la même façon. Une fois rapporté à la ruche, nectar ou miellat est transformé en miel grâce au travail des abeilles. Le miel est principalement composé de sucres simples, faciles à utiliser par l’organisme des abeilles.

Le miel joue plusieurs rôles importants :

• Source d’énergie : il permet aux abeilles de voler, de travailler dans la ruche (nettoyage, ventilation, élevage du couvain) et de maintenir une activité normale.
• Survie en hiver : pendant la mauvaise saison, le miel est la principale source d’énergie. Il permet aux abeilles de produire de la chaleur en se regroupant et en contractant leurs muscles, afin de maintenir la reine et la colonie en vie.

Sans réserves suffisantes de miel, une colonie ne peut pas passer l’hiver.

Le pollen : indispensable à la croissance de la colonie

Le pollen est une ressource essentielle, surtout au printemps et en début d’été. Contrairement au miel, il ne sert pas principalement à fournir de l’énergie, mais à fabriquer des abeilles.

Le pollen apporte :

• des protéines, indispensables aux abeilles nourrices pour produire la gelée nourricière,
• des graisses et des vitamines, nécessaires à la santé et à la longévité des abeilles,
• les éléments nécessaires au développement du corps gras, une réserve interne qui aide les abeilles à mieux résister aux périodes difficiles, notamment l’hiver.

Sans pollen, la reine peut ralentir, voire arrêter sa ponte.

Le rôle des acides aminés essentiels

Les protéines contenues dans le pollen sont constituées de petits éléments appelés acides aminés. Certains d’entre eux sont dits essentiels, car les abeilles ne peuvent pas les fabriquer elles-mêmes. Elles doivent donc obligatoirement les trouver dans leur alimentation.

Chez l’abeille mellifère, on considère qu’il existe dix acides aminés essentiels indispensables au bon développement du couvain et au fonctionnement normal de la colonie. Si un seul de ces acides aminés manque, le développement des larves peut être ralenti ou bloqué, même si la ruche semble recevoir beaucoup de pollen.

Toutes les fleurs ne fournissent pas les mêmes acides aminés. Certaines produisent un pollen très complet, d’autres un pollen plus pauvre ou déséquilibré. C’est pour cette raison qu’une alimentation variée est si importante pour les abeilles.

👉 Exemple concret : dans une zone de monoculture (colza, tournesol, maïs…), les abeilles peuvent rentrer beaucoup de pollen. Pourtant, ce pollen ne contient pas toujours tous les acides aminés nécessaires. La colonie peut alors paraître active, mais rester faible ou se développer lentement.

👉 Rôle de l’apiculteur : observer la diversité des floraisons autour du rucher. En cas d’environnement pauvre ou de période de disette, un apport de complément protéique adapté peut aider la colonie à continuer à élever du couvain correctement.

L’eau : une ressource indispensable

L’eau est souvent oubliée, mais elle est vitale pour la colonie, surtout en période de chaleur ou de forte activité.

Les abeilles utilisent l’eau pour :

• préparer la nourriture des larves en diluant le miel,
• réguler la température de la ruche.

Lorsqu’il fait très chaud, les abeilles rapportent de l’eau dans la ruche. En ventilant avec leurs ailes, elles provoquent l’évaporation de cette eau, ce qui permet de faire baisser la température intérieure et de protéger le couvain.

👉 Conseil pratique : si aucun point d’eau n’est disponible à proximité du rucher, il est fortement recommandé d’installer un abreuvoir proche, avec des supports (pierres, billes, mousse) pour éviter la noyade des abeilles.

La propolis : une protection essentielle pour la ruche

La propolis n’est pas une nourriture, mais elle joue un rôle très important dans la vie de la colonie. Les abeilles la fabriquent à partir de résines récoltées sur les bourgeons de certains arbres.

Elle sert à :

• assainir la ruche, grâce à ses propriétés contre les bactéries et les champignons,
• renforcer la structure, en colmatant les fissures et en protégeant la colonie des courants d’air et de l’humidité.

On peut comparer la propolis au système de protection naturelle de la ruche.

Conclusion : le rôle de l’apiculteur

Être apiculteur, c’est avant tout accompagner la colonie et veiller à ce qu’elle dispose de tout ce dont elle a besoin : une alimentation suffisante, une nourriture variée, un accès à l’eau et un environnement sain.

Une colonie bien nourrie est plus forte, plus résistante aux maladies et plus capable de traverser les périodes difficiles. Le miel fournit l’énergie, le pollen permet la croissance du couvain, l’eau aide à la régulation de la ruche et la propolis protège la colonie sur le plan sanitaire.

Mais ces ressources n’ont de sens que par la manière dont elles sont utilisées par la colonie. Elles servent avant tout à produire et renouveler les individus de la ruche : ouvrières, mâles et reine.

👉 Dans l’article suivant, nous verrons comment se déroulent les cycles de développement de ces différents individus, de l’œuf à l’abeille adulte, et comment l’apiculteur peut reconnaître un développement normal en observant le couvain dans ses cadres.

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